La communauté Orthodoxe Géorgienne de Paris

La paroisse Sainte Nino fut fondée pour être celle des géorgiens orthodoxes réfugiés en France à la suite de l’invasion de la Géorgie par les armées bolchéviques russes en 1921. Ces réfugiés voulurent maintenir, hors des frontières nationales, la pratique de la chrétienté géorgienne vieille de plus de seize siècles. En effet, c’est vers 337, que la Georgie fut évangélisée. Elle le fut, fait unique dans l’histoire de l’Eglise, par une femme, Sainte Nino, sous le patronage de laquelle se trouve cette chapelle.

Les communautés orthodoxes, qui se forment en dehors des limites territoriales des églises autocéphales, entrent dans la juridiction du Patriarche Œcuménique, siège de Constantinople, quelle que soit l’origine des fidèles qui composent ces communautés. Le Patriarche Œcuménique, le premier parmi les Patriarches et Primats qui gouvernent les Eglises orthodoxes locales dont l’ensemble constitue l’Eglise orthodoxe universelle, en sa qualité de Proto-Hiérarque de l’Eglise orthodoxe toute entière, possède un privilège de juridiction sur ces communautés orthodoxes.

Conformément aux canons du IVème Concile Œcuménique, la Paroisse Sainte Nino fut créée selon le principe territorial de la délimitation des Eglise locales.

La situation canonique de la communauté orthodoxe géorgienne de France est fondée par trois actes normatifs, qui sont :

– l’épître du Patriarche Basile III, en date du 29 avril 1929. Cet épître autorise en principe la constitution et l’érection canonique d’un Paroisse orthodoxe géorgienne en France et donne à l’Exarque du Patriarcat Œcuménique pour l’Europe Occidentale et du Nord, pouvoir d’en régulariser la réalisation en précisant les conditions de cette régularisation ;
– les statuts de l’association cultuelle, avec pour titre Paroisse ou Eglise orthodoxe géorgienne de Sainte Nino. Cette association fut déclarée le 23 août 1929 ;
– la ratification accordée auxdits statuts, le 17 septembre 1929, par l’Exarque du Patriarcat Œcuménique pour l’Europe Occidentale et du Nord.

Les statuts de Sainte Nino précisent notamment que conformément aux principes canoniques de l’Eglise orthodoxe, l’Eglise orthodoxe géorgienne de Sainte Nino se trouve sous la juridiction et la protection de S.S. le Patriarche Œcuménique et fait partie du diocèse orthodoxe de Thyatire ; en même temps, étant l’émanation de l’Eglise orthodoxe de Géorgie, l’Eglise géorgienne de Sainte Nino maintiendra une liaison spirituelle constante avec l’Eglise orthodoxe de Géorgie et son chef.

Lors de la constitution de la Paroisse Sainte Nino, les fondateurs, et en particulier le prince Ilamaz-Michel Dadéchkéliani, alors secrétaire de la Légation de la République de Géorgie en France, ont voulu et ont su donné à la paroisse Sainte Nino, par leurs travaux et les démarches auprès de la hiérarchie ecclésiastique, la base canonique la plus sûre.

Le 24 mai 1931, le premier Recteur de la Paroisse, l’archimandrite Grégoire Péradzé, docteur en philosophie, doyen à l’Université de Bonn, fut ordonné prêtre par le métropolite Germanos, Exarque du Patriarche Œcuménique, en la cathédrale orthodoxe grecque Saint Etienne de Paris. Le Père Péradzé fut par la suite nommé professeur à la Faculté de théologie orthodoxe de l’Université d Varsovie. Pendant la seconde guerre mondiale, le Père Péradzé fut arrêté en Pologne, déporté et mourut en martyr à Auschwitz en 1942.

En 1943, le Père Nicolas Zabakhidzé, ordonné prêtre en Géorgie, et qui avait fui la Géorgie à la suite de l’insurrection nationale de 1924, a remplacé le Père Péradzé jusqu’en 1949.

De 1949 à mars 1988, l’archiprêtre Elie Mélia, fut pendant près de quarante années, le recteur de la paroisse et l’autorité spirituelle et morale d’un grand nombre de Géorgiens en exil, qu’ils furent en France ou à l’étranger. Historien de l’église ancienne, professeur à l’Institut de théologie orthodoxe de Paris, le père Elie Mélia, à la demande des Exarques successifs du Patriarcat Œcuménique, représentait régulièrement le Patriarcat Œcuménique dans le mouvement de rapprochement entre les chrétiens de différentes confessions. A cet égard, le Père Elie Mélia fut reçu en audience par S.S. le pape Paul VI.

A la suite du décès du Père Mélia le 15 mars 1988, le métropolite Jérémie, Exarque du Patriarche Œcuménique a apporté aide et assistance à la paroisse Sainte Nino afin qu’elle puisse trouver un prêtre au sein de la communauté géorgienne en France. Pour cela, le Père Gabriel Henry fut nommé par la métropole au service de la paroisse Sainte Nino et servi de mars à septembre1988, jusqu’à son décès. Son successeur fut l’archimandrite Méthode Alexiou qui, à son tour, aida et assista la communauté géorgienne en France, jusqu’en 1993.

En décembre 1992, après avoir été ordonné diacre en 1991, le père Artchil Davrichachvili, né en France, fut ordonné prêtre en la cathédrale orthodoxe grecque Saint Etienne de Paris par le métropolite Jérémie, Exarque du Patriarche Œcuménique. Depuis 1993, le Père Artchil Davrichachvili est le recteur de la paroisse.

Installée à Paris, le culte de la paroisse Sainte Nino fut célébré, à partir de 1944 dans des locaux loués. En septembre 1973, à la suite d’une action et sous l’impulsion de M. Lévan Zourabichvili, président de l’Association Géorgienne en France, un local a pu être acquis à Paris, grâce à la générosité des Géorgiens de France et de l’étranger. L’aménagement et la décoration de cette chapelle furent confiés à M. Alexis Kobakhidzé, architecte.

Depuis sa constitution et jusqu’aux années 1990, cette chapelle fut l’unique lieu de culte en langue géorgienne hors des frontières de la Géorgie. Tout en maintenant sa dépendance canonique vis-à-vis du Patriarcat Œcuménique, la paroisse Sainte Nino est restée et reste un témoin privilégié de l’antique chrétienté géorgienne, fruit de l’apostolat de notre Sainte patronne, évangélisatrice de la Géorgie au IVème siècle.

La Géorgie, occupée pendant plus de 70 ans par la Russie soviétique, est depuis 1991 une république souveraine qui a recouvré son indépendance. Elle couvre une superficie de 70.000 km2 et compte environ 5 millions d’habitants. Jusqu’en 1921, l’Eglise de Géorgie comptait 1527 paroisses desservies par un clergé de plus de 1700 membres. Réduite dans les années 1980 à une cinquantaine de paroisses, elle vit, depuis quelques années une renaissance spectaculaire et tumultueuse.